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Le Coeur de deux petites tchadiennes
9 avril 2011

3ème jour : samedi 9 avril

Marcel devait avoir un Conseil d'administration à Paris de l'association ANC (Narcolepsie Cataplexie). Cette réunion, heureusement pour nous, vient d'être annulée. 

Cela lui permet d'aller chercher les médicaments à la pharmacie. Ce qui devrait être simple va durer longtemps et prendre des allures d'opération complexe. Evelyne, il y a plusieurs semaines, a déjà pris contact avec notre pharmacien pour expliquer la situation et celui-ci a laissé des consignes à une personne et écrit sur l'ordinateur de la pharmacie dans le dossier d'Evelyne. La préparatrice à qui je m'adresse, lorsque mon tour est venu, semble dépassée par la situation. Elle se renseigne auprès de ses collègues : personne n'est au courant. J'apprendrai, lors d'une autre visite, que celle qui est au courant ne travaille pas ce jour-là.  

L'un des problèmes concerne le bétabloquant. La préparatrice ne comprend pas lorsque je lui dis que nous devons faire boire le médicament alors que, pour elle, il est destiné à des piqures intraveineuses. Six piqures par jour... cela fait plus de 40 boîtes ! Pauvre enfant ! Je la vois déjà ses maigres petits bras transformés en passoire, comme les junkies, par la pharmacopée française. Elle se renseigne de nouveau et cela la rassure, on peut bien boire des médicaments destinés à faire des piqures. Je l'apprends aussi ! Pour le sérum physiologique, pas de problème, elle prend une grosse boite de pipettes de sérum physiologique et les verse en vrac dans un sac. Il lui faut, me dit-elle, les références de la boîte pour se faire rembourser par les laboratoires. Ouf ! C'est fini ! Combien de temps suis-je resté ?

Notre grande fille, vient nous voir avec ses deux derniers enfants. Baptiste qui a le même âge que l'enfant que nous accueillons. Celle-ci essaie de le suivre dans ses déplacements de petit bolide monté sur ressorts mais elle se fatigue vite. Ils se mettent tous les deux à jouer avec les boutons de la lumière ; c'est calme, c'est drôle, mais il faut arrêter le jeu pour la "santé" de nos ampoules. Puis elle va dans les bras de notre grande fille. Lorsqu'elle veut allaiter son bébé, qui a environ 6 mois, elle veut rester sur ses genoux et se mettrait bien aussi à téter le sein. Ah l'odeur enivrante d'une maman qui allaite ! Souvenez-vous. Elle ne comprend pas qu'on lui refuse et insiste. Anne, la jeune soeur d'Evelyne est là aussi. Alors elle fait la même tentative avec elle. Manifestement, elle ne comprend pas pourquoi les femmes lui refuse ce plaisir que sa maman lui donnait encore peut-être.

Notre fille, qui a utilisé une écharpe de portage avec ses 4 enfants, vient pour nous indiquer les petits trucs et astuces à savoir. Quand il s'agit de passer à la pratique c'est un petit drame. L'enfant montre une préférence certaine pour les plus jeunes femmes. Evelyne semble avoir quitté cette catégorie pour elle et elle ne veut aller, ni dans ses bras, ni sur son dos, comme elle l'a pourtant fait jusqu'ici, sans problème. Finalement avec la douceur et la persévérance, ces deux mamelles de la "bonne éducation", l'exercice peut avoir lieu. Nous aurons droit à de grosses larmes quand notre fille va repartir avec ses enfants.

Sans doute que, pour cette enfant, depuis N'djaména où elle a quitté sa maman, chaque nouvelle personne qui arrive et la prend dans ses bras devient une personne susceptible de l'emmener "ailleurs". Dans cet "ailleurs" y retrouvera-t-elle enfin sa maman et ses habitudes de petite fille ? Nous la sentons "perdue" dans un monde qu'elle ne comprend pas. Elle ne devient un peu plus "vivante" qu'en présence d'autres enfants, sinon, elle ne semble s'intéresser à rien et n'avoir aucune envie de jouer. Nous ne pouvons qu'être là, à essayer de contenir son désarroi, sans la brusquer. 

Au repas du midi, elle se met et reste dans les bras de la soeur d'Evelyne. Elle va même manger dans l'assiette de Anne qui va la laisser faire. Nous nous disons, sans savoir si nous avons raison, qu'elle doit avoir cette habitude chez elle avec sa maman. De plus, jusqu'ici, elle s'est très peu nourrie et de la voir ainsi manger nous réjouit. 

Nous allons pouvoir écrire en caractères immenses cette importante consigne du médecin cardiologue que nous ne cessons de nous répéter comme un leitmotiv : "A ses demandes satisfaction, jusqu'au jour de son opération".

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Le Coeur de deux petites tchadiennes
  • Halimatou et Bibido sont 2 tchadiennes de 3 ans venues pour se faire opérer d'une maladie cardiaque. Suivies par la "Chaîne de l'Espoir", elles sont chez 2 familles différentes : Danièle et Patrice - Evelyne et Marcel. Ce sont ces derniers qui font ce blog
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