49ème jour : mercredi 25 mai

Chaîne de l'Espoir

Ce soir rencontre de nos deux familles d'accueil avec les responsables nantais de la Chaîne de l'Espoir.

Nous faisons le point sur les différentes difficultés rencontrées au cours de l'accueil de Bibido et de Halimatou. Chacun se pose la même question : "Pourquoi ne pas avoir vu que les bizarreries constatées pouvait provenir de l'inversion des noms des deux enfants ?"

Tout le monde est d'accord pour penser que cela ne laissera pas de traces durables dans l'esprit des enfants qui ont pu cependant être perturbées par cela. Cela est peut-être secondaire pris dans toutes les perturbations que les deux fillettes ont eu à affronter à cause de leur maladie : limitations de toutes leurs capacités physiques dans leur famille et difficultés de prise en charge sur place, séparation des parents et des frères et soeurs sans avoir bien compris pourquoi, voyage en avion et escale à Paris avec l'accompagnement d'une personne puis un autre avion vers Nantes avec encore une autre personne, arrivée à Nantes avec pleurs de la part de Halimatou quand, épuisée par le voyage, il lui faut encore changer de bras, vision d'un monde où les personnes blanches dominent, incompréhension des mots d'une autre langue que la leurs, incompréhension des autres quand elles parlent dans leur langue, visites nombreuses à l'hôpital avec des étrangères blanches et vêtues de blanc qui font des piqûres douloureuses, réveil douloureux, fils et tuyaux partout sur tout le corps, impossibilité de bouger, après l'opération pendant plusieurs jours. 

Puis c'est la résurrection avec la sortie de l'hôpital, la famille d'accueil retrouvée, la santé et l'énergie retrouvées avec de nouvelles possibilités physiques. Tout cela qui efface sans doute les douleurs et les difficultés passées et, en bonus, la confusion des prénoms. On sait par ailleurs que Bibido connaissait à peine son prénom mais se faisait appeler "Maman !" par sa famille. Halimatou aussi avait un autre petit nom familier autre que celui de Halimatou. C'est ce parler familier que les enfants ont surtout perdu, c'est la musique et l'intonation de la langue qu'elles n'ont plus trouver dans leur famille d'accueil, c'est la chaleur étouffante et les bruits extérieurs qui leur était familier. Tout cela disparu c'est à un nouveau monde qu'elles ont à s'adapter. 

Le surprenant c'est la capacité d'adaptation des enfants de cet âge pour "survivre". En tant que "grandes personnes" beaucoup ont perdu ces mêmes capacités. Darwin ne pourrait que confirmer : la survie c'est avant tout l'adaptation à son monde environnant. 

La question de l'existence de ce blog est posé. Il va être mis en lien par le site de l'association nationale. Il pourrait servir à devenir le blog des enfants accueillis à Nantes pour ceux qui le souhaitent et être alimenté de cette façon. Son titre a déjà changé, les prénoms donnés aux enfants sont en cours de "normalisation". Si les textes sont maintenant corrects, les intitulés des photos ne le sont pas tous encore mais cela va se faire progressivement.

séparation et endormissement

La séparation pour Halimatou reste un problème toujours douloureux. Elle ne veut pas quitter la maison où nous avons été reçu. Elle y gagne une vieille poupée avec laquelle elle vient de jouer.

L'endormissement sera long et par étape. Alors qu'elle est bien endormie et que Marcel s'en va doucement de la chambre, elle se réveille brusquement et l'appelle pour lui réclamer la berceuse : " chante une chanson douce maman". c'est cela qui va l'endormir définitivement pour la nuit. 

"Une chanson douce qui me chantait ma maman
En suçant mon pouce, j'écoutais en m'endormant
Cette chanson douce je veux la chanter pour toi
Car ta peau est douce comme la mousse des bois"